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Faute de pouvoir tout faire, j'ai choisi de
privilégier les visites sur vos blogs aux réponses aux commentaires.
Je vous offre ici la version intégrale du poème de Jacques Prévert (encore lui...) qui m'a servi à illustrer mon article Arbres .
Quand la vie est un collier
Quand va la vie est un collier chaque jour est une perle Quand va la vie est une cage chaque jour est une larme Quand va la vie est une forêt chaque jour est un arbre Quand va la vie est un arbre chaque jour est une branche Quand va la vie est une branche chaque jour est une feuille
Quand va la vie c'est la mer chaque jour est une vague chaque vague est une plainte une chanson un frisson
Quand va la vie est un jeu chaque jour est une carte le carreau ou le trèfle le pique le malheur
Et quand c'est le bonheur les cartes de l'amour c'est le cul et le coeur.
Ma fille a appris la première partie de cette chanson comme un poème à l'école. Je l'ai trouvé tellement sympa que je vous en offre la version intégrale et en musique s'il-vous-plaît !
Le poisson fa
Il était une fois Un poisson fa. Il aurait pu être poisson-scie, Ou raie, Ou sole, Ou tout simplement poisson d'eau,
Ou même un poisson un peu là, Non, non, il était poisson fa : Un poisson fa, Voilà.
Il n'avait même pas de dièse, Et d'ailleurs s'en trouvait fort aise; "C'est un truc, disait-il, A laisser à l'écart, Après, pour l'enlever, Il vous faut un bécarre, Et un bécarre, C'est une chaise Qui a un air penché et pas de pieds derrière; Alors, très peu pour moi, Autant m'asseoir par terre, Non, non, non, non, non, non, non, Pas de dièse.
Quoi vous avez le front de trouver cela beau, Un dièse qui vous suit partout comme un cabot ? Comme il disait ces mots, passait sur le trottoir Un cabot très truité, qu'il avait vu trop tard, Et qui avait ouï la fin de la harangue
"Ut ! dit Fa in petto." J'ai mal tenu ma langue Ça pourrait me coûter poisson ! C'est comme ça qu'on dit en langage poisson, On ne dit jamais : cher, on dit toujours : "poisson" "Je crois bien que j'ai mis la queue dans la saucière" Encore une expression de ce langage-là Qu'on emploie au lieu de : mis les pieds dans le plat " Mais le cabot hautain, passait sans sourciller. Cependant, quand il fut passé plus qu'à moitié, D'un grand coup de sa queue, Il te souffle ta Fa-a-a- Et Fa, assez froissé, parti cahin, caha :
"ll s'en allait soigner son dépit de poisson Au débit de boisson " Il était une fois Un poisson FA.
Alors même que Dana nous proposait il y a quelque temps de nous placer du point de vue d'une fourmi mettre à la place d'une fourmi, je retrouvais cet amusant poème de Robert Desnos dans le livre de lecture de ma fille (elle est en CP).
La fourmi
Une fourmi de dix-huit mètres Avec un chapeau sur la tête, Ça n'existe pas, ça n'existe pas. Une fourmi traînant un char Plein de pingouins et de canards, Ça n'existe pas, ça n'existe pas. Une fourmi parlant français, Parlant latin et javanais, Ca n'existe pas, ça n'existe pas. Eh ! Pourquoi pas ?
Robert Desnos, Chantefables et Chantefleurs
J'ai moi -même appris ce poème à l'école et je me souviens que mon institutrice nous avait proposé un petit jeu d'écriture où nous devions rédiger trois strophes à la manière de Robert Desnos. Je n'ai aucune trace de ce que j'avais écrit à l'époque mais je me souviens vaguement avoir parlé d'un ver de terre en tutu rose !!!!
Que diriez-vous de jouer à la manière de Robert Desnos ??? Si vous êtes interessés, faites le moi savoir dans vos comms et si nous sommes assez nombreux (une dizaine au moins me semble un bon chiffre), j'organiserai ce petit jeu d'écriture !
Lundi en me baladant sur la centaine de blogs participant à la journée violette de Dom, la variété des réalisations de chacun m'a évoqué un formidable "Inventaire à la Prévert" . J'ai donc eu envie de vous montrer la version originale de cette liste farfelue et surréaliste mêlant ratons laveurs, fossoyeurs, un oncle Cyprien ou encore un fauteuil Louis XVI !
Inventaire
Une pierre deux maisons trois ruines quatre fossoyeurs un jardin des fleurs
un raton laveur
une douzaine d'huîtres un citron un pain un rayon de soleil une lame de fond six musiciens une porte avec son paillasson un monsieur décoré de la légion d'honneur
un autre raton laveur
un sculpteur qui sculpte des Napoléon la fleur qu'on appelle souci deux amoureux sur un grand lit un receveur des contributions une chaise trois dindons un ecclésiastique un furoncle une guêpe un rein flottant une écurie de courses un fils indigne deux frères dominicains trois sauterelles un strapontin deux filles de joie un oncle Cyprien une Mater dolorosa trois papas gâteau deux chèvres de Monsieur Seguin un talon Louis XV un fauteuil Louis XVI un buffet Henri II deux buffets Henri III trois buffets Henri IV un tiroir dépareillé une pelote de ficelle deux épingles de sûreté un monsieur âgé une Victoire de Samothrace un comptable deux aides-comptables un homme du monde deux chirurgiens trois végétariens un cannibale une expédition coloniale un cheval entier une demi-pinte de bon sang une mouche tsé-tsé un homard à l'américaine un jardin à la française deux pommes à l'anglaise un face-à-main un valet de pied un orphelin un poumon d'acier un jour de gloire une semaine de bonté un mois de Marie une année terrible une minute de silence une seconde d'inattention et ...
cinq ou six ratons laveurs
un petit garçon qui entre à l'école en pleurant un petit garçon qui sort de l'école en riant une fourmi deux pierres à briquet dix-sept éléphants un juge d'instruction en vacances assis sur un pliant un paysage avec beaucoup d'herbe verte dedans une vache un taureau deux belles amours trois grandes orgues un veau marengo un soleil d'Austerlitz un siphon d'eau de Seltz un vin blanc citron un Petit Poucet un grand pardon un calvaire de pierre une échelle de corde deux soeurs latines trois dimensions douze apôtres mille et une nuits trente-deux positions six parties du monde cinq points cardinaux dix ans de bons et loyaux services sept péchés capitaux deux doigts de la main dix gouttes avant chaque repas trente jours de prison dont quinze de cellule cinq minutes d'entr'acte
et ...
plusieurs ratons laveurs.
Jacques Prévert, Paroles.
Et comme j'aime beaucoup Prévert, voici les trois autres poèmes de ce grand monsieur que vous pouvez trouver dans mon Blog et Broc :
En effectuant quelques recherches sur le net, il semblerait que contrairement à ce que je vous ai dit avant-hier, ce poème ait été inspiré par la mutinerie du bagne d'enfants (on croit rêver...) de Belle-île en Mer en 1934. il faut savoir qu'à l'époque 20 francs ont été offert à toute personne qui retrouverait un fugitif ! Le "bagne d'enfants" de Belle-île n'a été fermé qu'en 1977. Quoiqu'il en soit, c'est un poème magnifique que je ne pouvais manquer de vous présenter.
La Chasse à l'enfant
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Au-dessus de l'île on voit des oiseaux Tout autour de l'île il y a de l'eau
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Qu'est-ce que c'est que ces hurlements
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
C'est la meute des honnêtes gens Qui fait la chasse à l'enfant
Il avait dit j'en ai assez de la maison de redressement Et les gardiens à coup de clefs lui avaient brisé les dents Et puis ils l'avaient laissé étendu sur le ciment
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Maintenant il s'est sauvé Et comme une bête traquée Il galope dans la nuit Et tous galopent après lui Les gendarmes les touristes les rentiers les artistes
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
C'est la meute des honnêtes gens Qui fait la chasse à l'enfant
Pour chasser l'enfant, pas besoin de permis Tous les braves gens s'y sont mis Qu'est-ce qui nage dans la nuit Quels sont ces éclairs ces bruits C'est un enfant qui s'enfuit On tire sur lui à coups de fusil
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Tous ces messieurs sur le rivage Sont bredouilles et verts de rage
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Rejoindras-tu le continent rejoindras-tu le continent!
Au-dessus de l'île on voit des oiseaux Tout autour de l'île il y a de l'eau.
Ce matin, il pleut, il vente, il ne fait pas chaud : un vrai temps d'automne !!! C'est l'occasion pour moi de vous présenter Chanson d'automne, un superbe poème de Paul Verlaine.
Détail d'une mosaïque représentant les quatre saisons, que l'on peut voir au Musée du Bardo à Tunis. Ceci est bien sûr la déesse de l'Automne.
Chanson d' automne
Les sanglots longs Des violons De l’automne Blessent mon cœur D’une langueur Monotone.
Tout suffocant Et blême, quand Sonne l’heure, Je me souviens Des jours anciens Et je pleure ;
Et je m’en vais Au vent mauvais Qui m’emporte Deçà, delà, Pareil à la Feuille morte.
Suite à mon article sur le fabuleux poème de Jacques Prévert, Le Cancre , j'ai découvert grâce à Mimisan ce non moins merveilleux poème et je souhaite le partager avec vous tous. Merci à Mimisan pour ce beau cadeau !
Le Désespoir est Assis sur un Banc
Dans un square sur un banc Il y a un homme qui vous appelle quand on passe Il a des binocles un vieux costume gris Il fume un petit ninas il est assis Et il vous appelle quand on passe Ou simplement il vous fait signe Il ne faut pas le regarder Il ne faut pas l'écouter Il faut passer Faire comme si on ne le voyait pas Comme si on ne l'entendait pas Il faut passer et presser le pas Si vous le regardez Si vous l'écoutez Il vous fait signe et rien personne Ne peut vous empêcher d'aller vous asseoir près de lui Alors il vous regarde et sourit Et vous souffrez atrocement Et l'homme continue de sourire Et vous souriez du même sourire Exactement Plus vous souriez plus vous souffrez Atrocement Plus vous souffrez plus vous souriez Irrémédiablement Et vous restez là Assis figé Souriant sur le banc Des enfants jouent tout près de vous Des passants passent Tranquillement Des oiseaux s'envolent Quittant un arbre Pour un autre Et vous restez là Sur le banc Et vous savez vous savez Que jamais plus vous ne jouerez Comme ces enfants Vous savez que jamais plus vous ne passerez Tranquillement Comme ces passants Que jamais plus vous ne vous envolerez Quittant un arbre pour un autre Comme ces oiseaux.
Ma fille aînée est rentrée en CE2 hier. Pour commencer l'année, sa maîtresse a choisit de leur faire apprendre ce merveilleux poème de Jacques Prévert : Le Cancre. J'aime beaucoup ce poème que j'avais moi aussi appris à l'école et j'ai donc choisi de le partager avec vous en cette période de rentrée scolaire. Et pour l'illustrer, quoi de mieux que ces superbes photos du grand Robert Doisneau ?
Le Cancre
Il dit non avec la tête Mais il dit oui avec le cœur Il dit oui à ce qu'il aime Il dit non au professeur Il est debout On le questionne Et tous les problèmes sont posés Soudain le fou rire le prend Et il efface tout Les chiffres et les mots Les dates et les noms Les phrases et les pièges Et malgré les menaces du maître Sous les huées des enfants prodiges Avec des craies de toutes les couleurs Sur le tableau noir du malheur Il dessine le visage du bonheur
Jacques Prévert, Paroles, 1945
Et pour le plaisir, cette dernière photo de Jacques Prévert par Robert Doisneau en 1955
Accrochant follement aux herbes des haillons D'argent ; où le soleil, de la montagne fière, Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.
Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue, Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu, Dort ; il est étendu dans l'herbe sous la nue, Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.
Les pieds dans les glaïeuls, il dort souriant comme Sourirait un enfant malade, il fait un somme : Nature, berce-le chaudement : il a froid.
Les parfums ne font pas frissonner sa narine ; Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.
Ce tableau, conservé au Musée du Louvre, m'a immédiatement fait penser à ce magnifique poème d'Arthur Rimbaud. J'ai voulu partager avec vous ce moement en ce jour de défilé militaire...